Mon petit garçon
Mon petit garçon, Aux yeux polissons, Tu te rappeleras un jour De notre vieux chagrin d'amour; Tu avais quatre ans, A peine au printemps, Que déjà tu savais maudire Celle qui nous a fait souffrir;
Tu te rebellais Quand je te parlais De cette femme aux doigts agiles Qui m'avait ôté Même la liberté Pour me rendre un peu plus docile.
Mon petit garçon, Retiens la leçon, Et le goût serait moins amer Si cette femme n'êtait ta mère, Si cette traitresse Et cette duchesse N'avait mêlé le bien au mal Pour en faire notre Journal, Tu ne verras plus Sa douce statue, Toi qui n'es pas un animal, Remonter les draps Jusque sous tes bras, Puisqu'elle préfère la cavale.
Mon petit garçon, Quand tu t'en iras, Ne restera dans la maison Que le tendre écho de ta voix, Tes cris enfantins Troublant le matin Et ces quatre murailles vides Dressées dans un enfer livide, Mais en attendant. Puisque l'ouragan A esquinté les peupliers, Je mettrai du beaume Sur toi petit homme Et des fleurs dans ton sablier.
Elle était belle Bien malgré elle Lorsque nous la vîmes passer, Cette traitresse, Cette duchesse Dont je ne peux pas me lasser.
(Serge Murin/Michel Thiallier)
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